Née en 1992.
Vit et travaille à Shanghaï.
Elle participe à l’école Offshore de Shanghaï pour l’année 2019-2020.
beatrice.celli92@hotmail.it
Beatrice Celli s’inspire de la culture populaire et mystique de sa région, les Abruzzes au Sud de l’Italie. Elle réinscrit dans ses sculptures et objets des éléments de culture vernaculaire et populaire occultés par la culture et le langage dominant. Elle pratique dans son art un syncrétisme lui permettant d’articuler éléments de rituels, folklore, savoir-faire traditionnels, objets votifs et
symboliques, dispositifs contemporains, fiction et allégorie. Une poétique où l’anthropologie et la culture sont sollicités au profit d’une cosmogonie personnelle. Elle lui permet de mettre en œuvre une dynamique réactivant une histoire à la fois individuelle et collective, avec sa violence et sa force symbolique.
Philippe Cyroulnik
Le travail de Beatrice Celli s’inspire de la culture populaire et mystique de Castelli son village dans les Abruzzes au Sud de l’Italie. Le point de vue depuis un pays étranger donne la possibilité d’une distance critique tout en étant intimement connecté à l’expérience affective de l’éloignement. Le paysage culturel des Abbruzzes est aujourd’hui très fragmenté, subissant encore les séquelles des séismes de 2009, aggravés par des épisodes de tremblements récents. Beaucoup d’habitations ont été détruites ainsi qu’une part importante du patrimoine architectural. La corruption et une inertie bureaucratique n’ont jamais permis une avancée réelle de la reconstruction. La conséquence est la désertion des villages et avec elle la déperdition des cultures vernaculaires.
Beatrice Celli a ainsi revitalisé un rituel local contre le mauvais œil à partir des textes de l’anthropologue anglaise Estella Canziani (1887-1931), fille d’un immigré italien et artiste, un point de vue similaire au sien. Jouant avec la perspective de l’anthropologue, elle a fait performer différents gestes en perte d’usage, liés à la sorcellerie dans un espace d’exposition : compter les poils d’un balai, trier des grains, planter un couteau dans un mur. Dans son installation Festa Macabracadabra, en cherchant à recréer l’atmosphère d’une fête de son village, elle a créé un rituel fictif dans lequel le spectateur prend la position d’un anthropologue devant décrypter la signification et les usages d’éléments votifs. Certains éléments appellent au folklore : on arrive par exemple à imaginer un arbre votif dans son installation de branches couvertes de rubans terminés par des lames de cutter ou encore des possibles poupées vaudous. Le folklore fictionnel est habité par une grande violence, comme la présence sourde d’un trauma. Une dynamique active de réparation d’une histoire à la fois individuelle et collective se met en place notamment à travers sa relation ambiguë à l’anthropologie.
Barbara Sirieix, le 13 juin 2019.