Clémence Mauger s’est concentrée depuis quelques temps sur la réalisation de peintures et de fresques à partir d’images de végétation prises à l’occasion de déambulations nocturnes dans la ville de Nice. Elle obtient des textures et des couleurs similaires en travaillant sur une toile apprêtée avec du gesso mélangé à de la poudre de marbre ou sur un mur générant des fonds blancs qui restent très présents dans la composition finale. Elle utilise une peinture très diluée pour obtenir des aplats transparents et des effets de coulures. Le processus semble mimer le développement photographique analogique — développement de négatifs, tirage et trempage d’images, ouvrant une potentialité à ses peintures de révéler les artifices du paysage.
Les paysages urbains de la côte d’Azur sont caractérisés par une végétation ornementale qui génère un exotisme géographique fondé sur une tropicalité synthétique. À partir du XIXe siècle, des plantes coloniales ont été introduites afin de produire un effet décoratif, relativement à l’essor du tourisme et l’arrivée des retraités et dans la perspective de créer de nouveaux marchés en horticulture. La découverte de formes végétales différentes étaient stimulantes pour les visiteurs, on pensait même que cela avait un effet vivifiant sur l’état des malades. Ces paysages pseudo-tropicaux ont ainsi stimulé le tourisme par leur pouvoir de dépaysement. On découvre ainsi que les palmiers et les mimosas, iconiques du paysage azuréen, sont également les instruments de projets économiques et politiques liés à l’agronomie coloniale.

Barbara Sirieix, le 11 juin 2019.