Le travail de Matthieu Maytraud apparait comme un bilan doux-amer de quatre ans de vie dans la ville de Nice en tant qu’étudiant en art à la Villa Arson. Il marque la fin de son parcours à l’école à travers une plaque commémorative adressée « À nos artistes inconnu·e·s » accompagnée de la fiction d’une action menée auprès de l’Élysée comprenant des échanges avec le président François Hollande. Alors que le diplôme est le rituel qui lui permettra d’acquérir une légitimité délivrée par l’institution à pouvoir se dénommer artiste, Matthieu Maytraud spécule sur la potentialité d’un échec en mettant en scène le mythe romantique de l’artiste.
Dans ses vidéos, il extrapole sous formes de fictions et de performances des éléments de la vie étudiante, des modes d’être actif, passif, studieux, nonchalant, irréfléchi, introspectif. Il est le protagoniste principal de ses films où il incarne une figure d’anti-héros à la masculinité hasardeuse, chez qui des aspirations grandioses cohabitent avec une insécurité affirmée. Dans son film #IloveNice, le point de départ est l’appel à contribution « #IloveNice » sur Instagram pour recueillir des images devant la sculpture I love Nice. À partir de là, il prend pour défi de se transformer en caméra mobile et explore la géographie de Nice à travers le prisme de ce qui est autorisé à être filmé ou non, en jouant le format de l’émission de téléréalité « J’irai dormir chez nous ». En s’inspirant du film C’est arrivé près de chez vous (1992), parodie de l’émission culte Strip-tease, le scénario se transforme en film d’horreur quand il se met à jouer le rôle d’un tueur, mise en scène fictive d’un possible échec à venir.

Barbara Sirieix, le 11 juin 2019.