Céleste Lerouxel

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Née en 1996.
Vit et travaille à Glasgow.

celeste.lerouxel@gmail.com

Instagram : celeste.lerouxel

Ma pratique s’articule autour de plusieurs systèmes de corrélation récits/objets, à travers la sculpture, la performance, le dessin et l’écriture.
Les objets sont conçus avec les matériaux disponibles sans principe apparent de cohérence, avec des emprunts aux techniques artisanales, au réalisme magique en littérature, aux jeux de hasard… Ils sont systématiquement accompagnés d’une histoire, orale ou écrite, et ne se situent pas tout à fait dans la catégorie des sculptures, je les place volontairement dans un régime ontologique qui s’éloigne du naturalisme, pour se rapprocher de l’animisme. Leurs interactions, l’attention que l’on peut leur adresser et les récits qui les accompagnent forment un ensemble symbiotique, les liens entre les pièces se font notamment par analogie, qui est je crois le lien le plus vague que l’on peut faire entre deux choses, mais a priori le plus riche, justement par tout ce que peut produire sa bizarrerie.
Dans la performance MétaTED, le lien récits/objets se retrouve inversé, on assiste à une réappropriation du storytelling, qui, en les parodiant, met en perspective les codes du discours néo-libéral porté par les conférences TED avec les productions plastiques actuelles.

C.L.

Les objets de Céleste Lerouxel résistent à l’appellation de sculptures, ils n’ont même pas l’air de s’identifier entant qu’objets. On dirait plutôt des compagnons, nés au gré du hasard un beau matin ou un beau soir des matériaux et techniques en présence. Des petits monstres en silicone ? Une bascule en bois à tête de loup ? Un petit bonhomme vert qui se fait toucher les fesses ? C’est difficile de les décrire. Ils sont les intermédiaires entre deux mondes, un village de Lozère et une école d’art, ou plutôt entre deux mondes dans un espace tiers de conciliation. Ces mondes fonctionnent différemment et c’est en confrontant leurs systèmes que ces objets génèrent de la fiction. Cela me fait penser au livre Les Dépossédés d’Ursula Le Guin, où deux mondes politiquement opposés s’antagonisent, Anarres et Urras, et en transitant de l’un à l’autre, un scientifique fera naître un objet technologique fictionnel.
Ces objets semblent affirmer leur droit à l’autodétermination dans l’espace d’exposition mais ils restent soumis à des formes d’autorité. Dans les Performances potentielles, le dé a un pouvoir de souveraineté sur les autres objets, décidant s’ils seront ou non activés ; il a également un contrôle sur la performeuse. Dans MétaTED, Céleste Lerouxel rejoue à travers dans « une méta-conférence » le dispositif tautologique des conférences TED dont l’objectif est de diffuser « des idées qui valent la peine d’être diffusées » : TED to TED. Dans ce contexte, les objets qui l’accompagnent n’ont pas besoin d’être des idées valant la peine d’être diffusées et échappent alors à la nécessité de devoir justifier leur existence ou leur légitimité artistique.

Barbara Sirieix, le 11 juin 2019.